ce qui cache le PIB et ce qui ne mesure pas l’Indice de Développement Humain
2014/04/01 Jurado Pérez, Nekane - Ekonomialaria Iturria: Elhuyar aldizkaria
Une femme du cœur indigène me demanda une fois: Pourquoi les économistes considéraient-ils mon peuple non développé si dans notre communauté nous partageons ce que nous donne chaque jour la vie et personne ne connaît la déprotection et la solitude de l'âme, ni les enfants, ni les personnes âgées? Et en réfléchissant à ce sujet, j'ai réalisé que je devais parler du Produit Intérieur Brut (PIB) et de la cohésion sociale.
Le PIB est un indicateur monétaire qui reflète tout le rôle négocié sur le marché. Plus la sécurité d'une société développée est faible, plus elle dépense en défense et en protection intérieure, ce qui augmente le PIB; ou, plus elle est malade, plus elle consomme d'éléments pharmacologiques, ce qui augmente également le PIB. La qualité de vie, le bonheur et le PIB n'ont pas à aller dans la même direction, et la réalité nous montre qu'ils ont rarement la même direction.
R. 1968 Kennedy a déclaré que le PIB peut être utilisé pour mesurer son niveau de destruction : « Notre PIB, au moment de réaliser des estimations, tient compte des productions causant la pollution, mais pas de la pollution atmosphérique, y compris la publicité sur le tabac et les ambulances qui vont à la recherche des blessés de nos routes (mais pas de la sécurité routière). Les coûts des systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos maisons, ainsi que les coûts d'entrée accidentelle dans nos maisons, sont enregistrés par la prison. Elle implique la destruction des forêts et leur remplacement par des urbanisations chaotiques. Elle comprend la production d'armes nucléaires et la production de véhicules blindés utilisés par la police pour réprimer les manifestations d'insatisfaction sociale (...)".
Ainsi, il faut prendre en compte que dans le Pays Basque il existe différents facteurs qui provoquent une détérioration constante de la qualité de vie, bien que le niveau du PIB, l'espérance de vie ou les niveaux élevés d'éducation, qui sont les jauges actuelles de l'Index de Développement Humain.
Une nouvelle conception du développement doit faire face aux modèles actuels de croissance économique et aux conséquences que cela comporte, tant aux impacts environnementaux (détérioration des écosystèmes, épuisement des ressources...) qu'aux impacts sociaux (chômage, exclusion, dualité, guerres...). Pour cela, il est impératif "d'apporter un changement dans les processus de développement actuels et surtout dans la conception économique qui a existé jusqu'à présent, et d'établir de nouvelles directives d'intervention internationale et un nouveau modèle de développement qui permette d'atteindre un monde écologiquement viable et socialement équitable, en dépassant les différences entre nord et sud" (Conférence de Rio1991).
Le concept de «développement humain» y répond dans une certaine mesure, puisqu’il incorpore une nouvelle méthode pour mesurer le degré de développement, en incitant au développement de capacités comme l’état de santé et les meilleures connaissances, mais en évitant quelques indicateurs clés comme la distribution de la richesse ou l’accès à l’emploi, la qualité du travail, la qualité environnementale, l’intégration culturelle, la satisfaction des besoins de logement, psychiques et affectifs.
Mais le développement humain ne s'arrêterait pas là: il existe d'autres options, de la liberté politique, économique et sociale, à la possibilité d'être créatif et productif avec la garantie des droits de l'homme. Donner l'opportunité au développement humain au Pays Basque signifierait approfondir la vraie démocratie et, à partir de là, chercher et réaliser un modèle économique qui donne la priorité à l'utilisation rationnelle et harmonique des ressources humaines et naturelles disponibles pour satisfaire les besoins individuels et collectifs de tous ses membres, sans mettre en danger la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins.
La crise n'est pas seulement une crise économique, mais aussi une crise écologique, de souveraineté alimentaire, de santé, de relations de genre et de valeurs. C'est la crise du paradigme de la civilisation développée par le capitalisme; en définitive, la crise du modèle idéologique basé sur le capitalisme.
Ces valeurs en crise font du Pays Basque une société précaire et soumise à la loi. La détérioration des conditions de vie de la majorité de la population (immigrants, femmes, jeunes et personnes âgées) s'est produite à travers l'intervention du secteur public, par des lois qui inrèglent et délaissent le marché du travail et la protection sociale. Mais cette réalité est cachée dans les moyennes statistiques avec des touches de triomphe, où les extrêmes et les différences ne sont pas mentionnées.
Pour qu'une société soit réellement durable, il est indispensable d'être durable au niveau physique (utilisation durable des ressources) et social (dépassement des inégalités sociales et territoriales). Il ne peut y avoir de durabilité sans égalité.
Une société vraiment durable donne la priorité au développement face à la croissance; la qualité (qualité de vie) face à la quantitative (niveau de vie); et la solidarité face à la compétitivité. La démocratie économique qui s'étend à la suffisance, la justice et l'égalité de toute la communauté peut être, peut-être, la valeur la plus grande et la plus complète, qui n'est pas mesurée par le PIB ni par son correcteur, l'actuel Indice de Développement Humain.
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